Littérature au féminin avec Sabine Dormond
Écrit par Stef
Bonjour Sabine comment allez-vous ?
Bien tant qu’on est en été, ma saison préférée, et à trois
semaines du Livre sur les quais, l’événement le plus attendu de
l’année.
Vous en 4 mots …
Idéaliste en
quête d’authenticité
Le livre qui vous a le plus
marqué dans votre enfance :
La peste de Camus. Le
personnage qui m’a particulièrement touchée, c’est l’écrivain en
herbe qui reformule inlassablement la première phrase de son futur
roman parce qu’il vise la perfection, qui remplit des cahiers et des
cahiers de cette première phrase sous toutes ses tournures et qui,
bien plus tard, se sachant condamné, jette au feu l’œuvre inaboutie
de toute sa vie.
L’élément déclencheur qui vous a
donné envie d’écrire :
Dès mon plus jeune âge, j’ai
toujours aimé écrire – à sept ans, je publiais mes premiers poèmes
dans un magazine-jeunesse - mais c’est l’indignation face aux
durcissements de la loi sur l’asile et à la menace de renvoi de
migrants installés ici depuis des années qui m’a amenée à écrire un
premier recueil de nouvelles avec une autre militante : Hélène Küng.
L’écrivain ou l’élément qui vous inspire pour écrire des
livres :
Je me laisse souvent inspirer par l’actualité
qui - je la caricature et la transpose sur un plan métaphorique – ou
par les gens que je rencontre, les réflexions qui m’interpellent ou
les thèmes des concours. Voilà cinq ans et demi, j’ai fondé avec ma
sœur et mon ami un groupe de férus d’écriture qui se rassemble au
rythme des pleines lunes pour se donner des consignes farfelues et
des thèmes déjantés, un peu dans l’esprit des Oulipiens.
De tous les livres que vous avez écrits, lequel selon vous est le
plus réussi ? Celui dont vous êtes le plus fière ?
Comme
j’ai l’espoir qu’on s’améliore avec la pratique, j’ai toujours envie
que le plus abouti soit le dernier, en l’occurrence Le parfum du
soupçon qui paraît fin août 2016 aux éditions Mon Village. Il y est
question de trahisons, la trahison sous ses différentes formes, y
compris de soi à soi. Mais aussi du lien particulier qui se tisse
entre un auteur et ses personnages, ce rapport d’amour-haine et de
dépendance mutuelle.
La valeur sûre au niveau
littéraire actuellement
Il y en a énormément, citer des
noms, c’est s’exposer à coup sûr au risque d’en oublier. Ceci dit,
je suis très sensible au talent de Pascale Kramer et de Noël Nétonon
Ndjékéry, inconditionnelle de Laurent Gaudé et Milan Kundera,
enchantée par Philippe Bordas.
Le livre que vous avez
détesté lire pendant votre adolescence …
L’école ne m’a
pas infligé, comme à mon fils, la lecture des lais de Marie de
France, poèmes d’amour courtois du XIIe siècle. Initier les jeunes à
la lecture à travers un livre de ce type est un moyen assez efficace
de les dissuader d’en ouvrir un autre.
L’écrivain que
vous rêvez de rencontrer
Dans les rêves, tout est
possible n’est-ce pas ? Alors Victor Hugo, Emile Zola et pourquoi
pas Virgile. Mais surtout Victor Hugo
Michel Bussi,
Harlan Coben, ou Marcel Pagnol ?
Clairement Pagnol.
J’aime son univers plein de tendresse et la beauté de sa langue.
Votre dernier livre Full Sentimental c’est un clin d’œil
à Alain Souchon ou même pas ?
Full sentimental n’est pas
mon dernier livre, j’en ai publié trois autres depuis : Don
Quichotte sur le retour, Une case de travers et Le parfum du
soupçon. Le titre de la nouvelle éponyme du recueil Full sentimental
est un clin d’œil à Souchon bien sûr, mais parle d’autre chose que
sa chanson : de dépendance affective, de dépendance au jeu (le
yatzee, d’où le mot full qui est une combinaison de 3 + 2) et d’un
couple qui s’y enlise jusqu’à la folie.
Si je vous dis
: « lire ressemble à regarder l’horizon. D’abord on ne voit qu’une
ligne noire, puis on imagine des mondes », vous me dites ?
Ça me rappelle les versions latines où le sens de la phrase
émerge peu à peu, au fil de l’analyse grammaticale.
Si
vous n’étiez pas écrivain vous seriez …
Un peu plus de ce
que je suis déjà à côté, traductrice, pont entre deux cultures,
bénévoles, guitariste, organisatrice d’événements, gauchiste,
écologiste…
Que peut-on vous
souhaiter aujourd’hui ?
De trouver chaque jour une façon
de cultiver l’honnêteté, la loyauté, la solidarité et la sincérité.
Merci beaucoup Sabine d’avoir répondu à mes questions et
belle continuation littéraire.
Crédit photo : 2013, AdS, LSQ, M. F. Schorro. Copyright © 2016
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