Littérature
Trente-deux plumes romandes célèbrent l'amour
Un ouvrage collectif qui tient dans la paume de la main réunit des textes inédits à
picorer pour la Saint-Valentin.
«Touché par l’amour, tout homme devient poète.» Rappelant l’adage platonicien en
couverture de sa publication, l’éditrice romande Marilyn Stellini a malgré tout constaté
que l’on peut aimer sans avoir les mots pour le dire. Alors il est possible de les
emprunter aux grands poètes. Ou de dire sa flamme par le biais de contributions
inédites. D’où l’idée de concocter un minilivre à offrir à sa moitié comme une boîte de
pralinés. Premier ouvrage collectif sorti de la toute fraîche maison romande Kadaline,
l’opus miniature à la couverture cartonnée tient dans la paume de la main, et égrène 32
petits textes qui célèbrent le sentiment qui a le plus fait parler de lui depuis la nuit
des temps.
En regard de chaque gerbe de mots se posent des œuvres picturales sélectionnées par
l’historienne de l’art Déborah Perez, pour la plupart des tableaux du XVIIe au XIXe
siècle, à l’instar de l’image de couverture (photo), une reproduction du «Printemps»
(1873) de Pierre Auguste Cot.
Du côté des textes par contre, que du contemporain, avec les créations originales
d’auteurs romands réunis au gré des affinités de l’éditrice. «Je les connais tous
personnellement, et ce que je trouvais intéressant, c’est qu’ils écrivent tous dans un
genre très différent d’habitude», relève Marilyn Stellini. Parmi les plumes figurent en
effet les locomotives du polar romand Marc Voltenauer et Nicolas Feuz, dans un registre
qui tranche avec leur domaine de prédilection. Ou encore l’auteur de fantasy Fabrice
Pittet, seul à évoquer la maladie puis la mort de l’être aimé.
Tantôt en prose, tantôt sous forme de poème en vers libres, les mots déclinent la
passion, l’évidence d’une rencontre, la joyeuse invitation à tomber amoureux, lorsqu’on
«dégringole dans le ciel mandarine comme deux météorites» (Adrien Gygax), ou la
sensualité d’une peau «qui rit sous tes mains» (Sabine Dormond). Mais aussi la
réinvention en duo d’un monde, fût-il mélancolique (Pierre Yves Lador), un «cœur à
corps» (Olivier Chapuis) à célébrer jusqu’à la fin de la vie, lorsque vient «l’amour
nu», libéré «de la lourde armure des projets» (Marie-Christine Horn). Bref: «Attraper:
une âme, un regard, une main. Jusqu’au bout.» (Abigail Seran)
Sans oublier la tendresse, sous la plume de Quentin Mouron. Une tendresse brûlante mais
salvatrice car «dans la nuit, seules m’éclairent mes brûlures». Ou encore l’espoir,
rappelé par Blaise Hofmann, librettiste de la Fête des Vignerons: «Un enfant naîtra.
Naîtra du lac comme une légende. Et nous y croirons. Aveuglément.»
Joyeux, tristes, piquants, lyriques, ou un peu guimauves parfois, les textes proposent
un voyage où chacun aura tout loisir de choisir son escale.
«Touché par l’amour, tout homme devient poète» Collectif Éd.
Kadaline, 70 p.
Caroline Rieder
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