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Article paru dans 24 Heures le 18 octobre 2007
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Dans son livre, Blocher est le mouton noir
MONTREUX

Une élue socialiste cosigne un recueil de nouvelles pour exprimer sa révolte et aider les requérants d’asile.

LAURENT GRABET

Le 24 septembre 2006, «sonnée par l’ampleur de la défaite», Sabine Dor­mond «voit 36 chandelles». Au lendemain de la votation sur la nouvelle loi sur les étrangers et sur la révision du droit d’asile, germe dans son esprit l’idée d’un recueil de nouvelles engagées. A l’image de ce qu’avait fait précé­demment Hélène Küng, la mé­diatique pasteure lausannoise, qui sera associée comme coau­teur au projet.
Réponse dérisoire à la remise en cause profonde des principes guidant la Montreusienne? Ou nécessaire sonnette d’alarme ci­toyenne? Au lecteur de décider. Le livre est vendu au profit du Service d’aide juridique aux exi­lés (SAJE). Il s’intitule 36 chan­delles.
Une par histoire. Et cette envie, commune à toutes, d’éclai­rer le chemin.
Toutes proportions gardées, dans ses meilleurs moments, le résultat n’est pas sans évoquer Buzzati ou Kafka. Beaucoup de ces «nouvelles et billets pour car­burer » dépeignent «un individu broyé par la société». La traduc­trice de métier y jette un regard décalé sur le monde.
Démarche artistique, mais sur­tout militante. Politique même? «Bien sûr!» même si la politique partisane, Sabine Dormond n’y croit plus trop. «Depuis quatre ans, j’essaie de me battre au Conseil communal sur ces thé­matiques, avec des résultats déce­vants par rapport à l’engagement que cela demande.» Sortilège, son premier texte, est un «cri de révolte». «Un matin, Tristophe Bloqué se réveille cou­leur d’ébène et devient du même coup victime de la situation qu’il a lui-même créée.» Les autres sont plus allusifs, métaphoriques ou même parfois carrément sans lien avec la thématique de l’asile. Simplement en prise avec les petites choses de la vie. «Des morceaux d’existence et de résis­tance », synthétise Hélène Küng. A l’illustration, Tassilo Jüdt re­lève le tout à sa sauce: naïveté sur la forme, pertinence sur le fond.

Migrants ignorés

Le travail de traductrice de Sabine Dormond – notamment pour Caritas Suisse – donne à l’auteur l’occasion de se pencher sur la situation dans les pays générateurs d’immigration. «Ces questions sont toujours abordées du point de vue des intérêts de la Suisse. Jamais de celui des mi­grants », déplore-t-elle. A ceux qui la taxeraient d’angélisme, l’auteur rétorque que «l’angélisme serait plutôt de croire aveuglément en nos autorités» et qu’il faut «s’in­former avant de juger». «Trop peu le font», conclut-elle. £
Parution mi-novembre. 150 p., 28 fr.
Editions La Passerelle, 021 560 60 60, www.csp.ch.L’auteur lira ses textes le 9 novembre à 20 h 30 à la Maison des contes et légendes de Dorénaz (VS).

CONVAINCUE

La Montreusienne Sabine Dormond met sa plume au service de ses convictions.
Bien écrit et plein de finesse, le résultat tient la route. «Il devrait intéresser et convaincre au-delà du cercle des convertis», espère l’auteur...

MONTREUX, LE 17 OCTOBRE 2007
ÉDOUARD CURCHOD

«L’angélisme serait de croire aveuglément en nos autorités.
Avant de juger, il faut s’informer »
SABINE DORMOND


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Sabine Dormond - Recits.ch

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